Bonjour à tous ! aujourd'hui je vais vous parler d'une iles que j'adore et qui malheureusement se fait parler d'elle dans l'actualiter pour ces incendies mais c'est une iles merveilleuse j'y suis aller plusieur fois et a chaque fois quand il faut partir c'est un déchirement mais cela fait plusieur année que j'y suis pas aller faute de moyen mais ma maman continue d'y aller et nous ramener des souveniers des la- bas et dans les cartes postale qu'elle nous envoyer elle nous mes des fleurs bien odorante (du maquis) qui nous fait voyager un peu nous avons de la famille la-bas qui a chaque fois nous dit mais venez mais nous avons toujours le même problème la corse reste comme même assez cher mais nous allons mettre des sous de cote et un jour nous irons en corse c'est promis car cette iles nous manque terriblement.
Mais pour l'instant je vous ai trouver un article sur un peu l'histoire de la corse je vous souhaite
donc une bonne lecture demain je vous mettrait des vidéo de cette merveilleuse iles bonne journée à tous et à très bientôt
Corse(Corsica)(Île formée de deux départements français) |
<dl><dl> Capitale: Ajaccio |
La Corse (Corsica en corse) est une île de la Méditerranée située à 170 km au sud de Nice (France), à 84 km de la péninsule italienne et à 14 km de l’île de la Sardaigne (Italie). L'île a une superficie de 8681 km², ce qui équivaut à 3,5 fois moins que la Belgique et à 1,6 % du territoire français. C'est la quatrième île de la Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne et Chypre. Juridiquement, il n'y a pas de capitale en Corse, mais deux préfectures, Ajaccio et Bastia; l’Assemblée de Corse siège à Ajaccio, sans autre prérogative. Ainsi, l'île de Corse forme deux département français: la Haute-Corse (no 2B) dont le chef-lieu est Bastia et la Corse-du-Sud (no 2A) dont le chef-lieu est Ajaccio (voir la carte détaillée). Bien qu'étant un État unitaire, la France a néanmoins reconnu une certaine autonomie régionale à quelques-uns de ces départements et territoires d'outre-mer, notamment à l'île de Corse, qui a obtenu le statut de «collectivité territoriale spécifique». L'expression collectivité territoriale désigne ici, plus ou moins arbitrairement, les habitants qui peuplent ces contrées. |
Dans toutes ces régions, la langue maternelle de la majorité ou d'une bonne partie de la population n'est pas le français, mais, par exemple, le corse, le tahitien, le créole ou une langue mélanésienne. L'île de Corse et les territoires d'outre-mer, tels que la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion bénéficient d'une autonomie particulière.
La République française a accordé à la Corse, en 1982, un statut particulier de collectivité territoriale. Depuis 1992, la loi Joxe a doté l’île d’une «Assemblée de Corse» qui possède des pouvoirs importants dans l’administration des affaires intérieures de l'île. Le 29 juillet 2000, au terme d’un «processus de paix», l’île de Corse s’est vu octroyer une nouvelle autonomie qui se traduit par des compétences plus étendues, la liberté d’«adapter» des lois nationales (sous le contrôle de l'Assemblée nationale française), une assemblée unique, l’emploi facultatif de la langue corse à l’école primaire, etc. Il s'agit en quelque sorte d'une sorte d'«accords de Matignon» (en Nouvelle-Calédonie) adaptés à la Corse. Mais le «compromis corse» est étalé dans le temps (jusqu’à 2004) et, comme nous le verrons, reste ouvert à différentes interprétations. Le nouveau statut a été reconnu par la loi no 2002-92 du 22 janvier 2002 relative à la Corse. En 2003, la Corse devenait une «collectivité territoriale spécifique».
Le drapeau de la Corse représente sur fond blanc une tête de Maure, dont le front est ceint d'une bande de tissu blanc nouée derrière la tête. Ce ne sont pas les Corses qui ont créé ce drapeau qui provient des rois d'Aragon, le Maure symbolisant le guerrier sarrasin battu; les rois d'Aragon avaient comme emblème quatre têtes de Maure avec le diadème sur les yeux. La signification de la présence de cette tête demeure plus ou moins expliquée. L'hypothèse historique la plus vraisemblable laisse croire que la tête de Maure soit apparue sur le drapeau de l'île au XVIe siècle, à la suite à l'établissement d'une carte créée par Mainaldi Galerati, un géographe d'origine italienne, qui voulut représenter la carte des possessions du roi d'Espagne, Philippe II. Étant donné que la Corse n'avait pas d'emblème officiel à cette époque, Galerati choisit pour l'île de la représenter avec une tête de Maure en raison de sa proximité avec la Sardaigne, dont le drapeau porte quatre têtes de Maure. C’est avec Pasquale Paoli que le drapeau à tête de Maure devint l’emblème officiel de la Corse, mais le héros corse releva sur la tête le bandeau qui était placé sur les yeux. On croit que ce geste aurait été interprété comme une manière pour la Corse d'ouvrir les yeux après plusieurs siècles d'obscurantisme et de domination génoise.
Au plan démographique, l’île compte une population de près de 280 000 habitants, mais 40 % des insulaires résident dans deux villes: 58 000 à Ajaccio en Corse-du-Sud et 51 00 à Bastia tout au nord. Près de 60 % des résidents seraient d’origine corse. La croissance démographique de la Corse semble l'une des plus dynamiques de toute la France. Cette croissance est due essentiellement à un excédent migratoire, le solde naturel étant quasiment nul. Par exemple, au cours de la décennie quatre-vingt-dix, quelque 40 000 personnes sont venues s'installer dans l'île, alors que tandis que 30 000 la quittaient. Les nouveaux insulaires proviennent surtout des régions de Provence-Alpes-Côte d'Azur et de Île-de-France. L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) place la Corse en deuxième position, derrière l'Île-de-France, pour le pourcentage de sa population immigrée, avec quelque 26 000 personnes, soit un habitant sur dix. Les Marocains constituent la première communauté étrangère de l'île; ils regroupent même la moitié des résidents. C'est dans la plaine orientale, le sud de l'île et la microrégion de Calvi, que les immigrants sont proportionnellement les plus nombreux. Sur les murs, on voit de plus en plus d'affiches racistes du type «Arabi fora» («Arabes dehors»)!
Précisons que les Corses sont plus nombreux en dehors de la Corse que dans l'île même. Ainsi, Marseille serait la première ville corse au monde, avec environ 250 00 à 300 000 Corses. On compte probablement autant de corsophones dans les pays tels que l'Italie, le Canada, les États-Unis, Porto Rico, la Bolivie, Cuba, l'Uruguay et le Venezuela.
2.1 Les langues parlées dans l'île
Le français demeure la langue la plus parlée en Corse, langue maternelle et langue seconde réunies. Le français est la langue maternelle des Métropolitains, mais aussi celle des jeunes Corses. Les autres langues sont parlées par les immigrants, à l'exception du corse et du bonifacien. L'arabe maghrébin (marocain) est la langue numériquement la plus importante après le français. Il est suivi par le corse, puis le portugais, l'italien, l'espagnol, le grec, le bonifacien, etc.
Le corse serait parlé en principe par les 60 % de Corses d'origine : la lingua corsa. À l'instar de l'italien et du français, le corse est une langue romane. Issu du latin comme les autres langues romanes, le corse est néanmoins plus apparenté aux langues du groupe italo-roman tels que le toscan (aujourd’hui l’italien), le piémontais, le génois, le lombard, l’émilien-romagnol, le vénitien, l’istrien, le sicilien, le calabrien, le lucanien, l’abruzzien, etc. Bien que le corse ait subi une forte influence du toscan, il est apparu dans l'histoire avant la naissance de l'italien standard, ce qui en fait une langue bien distincte, et ce, d'autant plus que son vocabulaire comporte une part non négligeable de mots d'origine ligure, mais il a aussi emprunté au génois, au toscan et au français.
Pour des fins de comparaison, on peut consulter une petite liste de mots français-corse-italien, puis lire ensuite un petit texte dans ces mêmes langues. Évidemment, la parenté du corse avec l'italien moderne (issu du toscan), accentué par la toscanisation du corse, rend la communication des corsophones plutôt aisée avec les italophones.
En France, les Corses d’origine demeureraient parmi les derniers grands groupes linguistiques minoritaires importants (avec les Alsaciens) à avoir conservé (théoriquement) leur langue ancestrale. Cependant, compte tenu d'une population d'origine peu nombreuse (env. 150 000 hab.) et de la force d'attraction considérable du français, les risques de minorisation et d’assimilation restent assez élevés. De plus, la langue corse n'est pas unifiée et il subsiste des variétés dialectales, surtout entre le Nord et le Sud, mais les locuteurs du corse se comprennent entre eux malgré les différences régionales: ajaccien, bastiais, cortenais, sartenais, etc.
En réalité, le corse est fragmenté en deux groupes: le cismontincu (appelé aussi «cismontano») et le pumuntincu (appelé aussi «oltramontano»). La variante cismontincu est demeurée très proche du toscan, alors que la variante pumuntincu présente certaines caractéristiques communes avec les parlers de l'Italie méridionale (Abruzzes, Basilicate, région de Naples, Calabre, Molise, Pouilles) ainsi qu'avec le sarde (surtout le gallurien ou gadduresu et le sassarien ou sassaresu au nord) et et le sicilien.
Le bonifacien est une langue bien particulière parlée dans la ville de Bonifacio, située à l'extrémité méridionale de la Corse (voir la carte). Il s'agit d'une variété du génois aux caractéristiques plus conservatrices que sur la continent (par exemple, en Ligurie en Italie). La population de la ville est d'origine génoise et serait installée en deux vagues successives aux XIIe et XIIIe siècles. Cette population s'est trouvée par la suite coupée de la mère patrie et aurait évolué en vase clos. Le nombre des locuteurs du bonifacien est certainement limité et restreint aux gens de plus de 60 ans. En corse, le bonifacien est considéré comme une variante du corse (d'origine italo-romane). Or, d'un point de vue historique, le bonifacien est avant tout une variante du génois, c'est-à-dire d'origine romano-celtique.
2.2 Un dénombrement officieuxEn raison de l'absence de statistiques officielles, il est impossible de dénombrer précisément le nombre des locuteurs du corse. Au point de vue social, le corse n'a pas encore gagné toutes ses batailles, car dans un rapport du 21 novembre 2000 le rectorat d'Ajaccio faisait ainsi état de deux mouvements apparemment contradictoires:
À la suite d'une véritable fracture culturelle survenue au cours des années soixante, le corse a généralement cessé d'être la langue maternelle des jeunes générations; en contrepartie, on assiste à une valorisation de la langue qui fait l'objet de nombreux travaux de recherche, et à son entrée dans des domaines d'où elle était autrefois exclue, à commencer par l'école. |
Cela signifie que la langue corse ne serait pas transmise de la part de la génération précédente, malgré son enseignement quasi généralisé. Bref, le corse ne serait plus aujourd'hui la langue maternelle de l'écrasante majorité des jeunes Corses. Certes, les générations les plus âgées comprennent le corse et le parlent parfaitement, même s'ils ne l'écrivent généralement pas (dans une proportion de 95 %). Pour la majorité de ces personnes, c'est réellement leur langue maternelle, mais cette pratique diminue nettement avec les groupes moins âgés. On assiste à cette situation paradoxale: le corse est de plus en plus enseigné aujourd'hui dans les établissements scolaires, mais la pratique privée de la langue et la transmission familiale sont quasiment éteintes. Beaucoup de jeunes Corses comprennent la langue, en connaissent quelques phrases, mais en ont très souvent une pratique assez sommaire, sinon aucune pratique du tout. Le chiffre de 60 % de locuteurs semble donc très au-dessus de la réalité.
Cela dit, des études réalisées au début du XXe siècle révélaient que près de 100 % de la population corse parlait alors le corse. En 1982, un enquête du RINSEE laissait croire que 70 % des insulaires, c’est-à-dire 96 % de la population d’origine corse, comprenait cette langue et que 86 % la parlait régulièrement. Aujourd'hui, beaucoup de jeunes n'ont plus le corse comme langue maternelle, mais la plupart l'ont appris après l'âge de 18 ans pour des raisons militantes ou identitaires. Selon une enquête menée auprès des élèves du lycée de Bastia (L'Express du 21 juin 2001), 63 % auraient des grands-parents corsophones, 60 % des parents corsophones et 13 % des frères et soeurs corsophones. Aujourd’hui, en l’absence de données fiables, les estimations varient entre 20 % et 70 % de la population, qui parlerait encore le corse, ce qui donne une «marge de manœuvre» fort élevée et fort imprécise. Une chose est sûre: dans la vie formelle, il y a plus de gens qui parlent le français que le corse! Dans les chaumières, cela peut varier entre 20 % et 70 % de la population!2.3 Le recul du corse
La tendance générale des vingt dernières années a montré un changement progressif du corse vers le français. Autrement dit, comme partout en France, les langues régionales accusent un sérieux recul, ce qui constitue pour certains un «modèle d’efficacité», pour d’autres, un mauvais exemple d’«État assimilateur». Dans les faits, il semble qu’environ 20 % à 60 % de la population posséderait une certaine maîtrise du corse. Enfin, environ 98 % des Corses d’origine seraient bilingues (corse-français). Devant ces faits, on comprend que les Corses aient demandé des compétences plus étendues en matière de langue.
Les corsophones sont en effet à peu près tous bilingues (corses-français) et ils pratiquent la diglossie. Dans leurs conversations quotidiennes, les corsophones peuvent passer constamment du corse au français, selon les circonstances du moment. Généralement, le français est réservé aux communications plus formelles, le corse en famille ou entre amis. Cette pratique diglossique a donné lieu à un système linguistique parfois hybride et appelé le «français régional de Corse». Ce phénomène peut se traduire par l'emploi, entre autres, d'un mot ou de plusieurs mots corses dans une phrase française ou de mots français dans une phrase corse (THIERS, 1989). On parle parfois du francorsu pour désigner cette variété linguistique caractérisée par l'alternance systématique du français et du corse.
En somme, selon l'Unesco, le corse fait partie des langues menacées de disparition avant la fin du XXIe siècle.
Soulignons que la présence romaine en Corse a commencé au milieu du IIIe siècle avant notre ère pour ne s’arrêter qu’au milieu du Ve siècle de notre ère. Cela signifie que la Corse a été, durant sept siècles, fortement latinisée, puis christianisée (vers le IIe siècle). Les Corses ont donc parlé le latin avant les Gaulois et l’ont conservé intact plus longtemps après la chute de l’Empire romain. Autrement dit, la langue corse est restée plus près du latin que l’italien et les autres langues parlées en Italie. Les exemples de mots latins présents à peu près tels quels demeurent très nombreux dans le corse d'aujourd’hui. Il faut dire que l’isolement et l’insularité ont contribué fortement à la durabilité du latin qui, néanmoins, s’est corsifié en une sorte de variété romane régionale au cours des siècles qui ont suivi la disparition du latin (CHIORBOLI, 1999).
La Corse fut ensuite envahie successivement à partir du Ve siècle par les Vandales et les Ostrogoths, puis par les Sarrasins (Arabes) au VIIe siècle et les Lombards en 725, ce qui obligea les insulaires à s’installer à l’intérieur de l’île. Déjà, à cette époque, le corse était devenu une langue romane distincte du latin (mais pas encore du corse). En 552, la Corse (en même temps que la Sardaigne) avait été rattachée à l'Empire d'Orient par Justinien I (Byzance), mais en 590 le pape Grégoire le Grand organisa l'administration religieuse de l'île. Soumise officiellement à une administration du Saint-Siège grâce à une donation en 772 de Pépin le Bref au pape Étienne II, confirmée par Charlemagne en 774, l’île fut cédée en 1077 par le pape Grégoire VII à l’évêque de Pise (Landolfo); ce dernier eut mission de gouverner l'île qui tomba alors entre les mains des marquis de Massa. Ils durent gouverner la Corse, pour le compte du Saint-Siège, sous le contrôle du légat pontifical Landolfo. Cette administration perdura environ deux siècles, soit jusqu’en 1284, date à laquelle la flotte génoise détruisit les Pisans lors de la bataille de la Meloria (un îlot au large des côtes italiennes), ce qui marqua la fin de Pise comme grande puissance maritime de l’époque.
3.1 La présence génoise
Ensuite, l'île fut assujettie à la république de Gênes qui en fit l’une de ses colonies jusqu'au XVIIIe siècle. Les autorités génoises peuplèrent la ville de Bonifacio, dont les descendants ont conservé encore aujourd'hui la langue, avec des caractéristiques particulières. Durant toute cette période, la langue écrite officielle demeura le latin, comme dans beaucoup de pays en Europe, mais la langue parlée par l’Administration fut soit le génois soit le toscan (italien aujourd'hui). Dans les communications écrites moins officielles, les Génois écrivaient couramment en toscan, la langue de Dante, qui constitua la langue de culture pour une grande partie de l'Italie; la Corse ne faisait pas exception à cette pratique. Les Corses, pour leur part, parlaient la lingua corsa, mais ils avaient emprunté de nombreux mots au génois et surtout au toscan, à un point tel qu'on peut parler de «toscanisation» de la langue corse. Bref, les Corses parlaient entre eux la langue corse, mais pratiquaient une langue administrative («officielle») — le toscan — avec plus ou moins d'habileté dans des circonstances particulières (justice, textes officiels, rapports avec les autorités) et qui était en train de devenir progressivement l’italien que nous connaissons aujourd'hui. L'influence toscane fut déterminante pour la langue corse, car elle eut comme conséquence de rompre l'ancienne unité linguistico-culturelle avec le sarde, la Sardaigne ayant fonctionné dans le même cadre administratif byzantin que la Corse; rappelons que, de son côté, la Sardaigne subit l'omniprésence catalano-aragonaise. Malgré une domination politique de quelque cinq siècles, les Génois n'ont, somme toute, laisser que peu de mots génois aux Corses, car ils utilisaient eux-mêmes le toscan comme langue écrite (CHIORBOLI, 1999).
Pour la plupart des non-corsophones des siècles passés, la lingua corsa fut perçu comme de l’«italien corrompu». On croyait même que le corse n’était qu’un mélange de grec, de toscan, de sicilien, de sarde et de génois, d’où sa réputation de «langue corrompue», mais qui démontrait éloquemment l’ignorance de ces gens à propos de l’histoire de la langue corse. Néanmoins, beaucoup de nos contemporains croient encore aujourd’hui que «le corse est de l’italien», voire un «sous-produit de l'italien». Il faut dire que, jusqu'au milieu du XXe siècle, on n'a considéré socialement que les langues «à statut officiel», les autres n’étant perçues que comme de «vulgaires dialectes».
Comme l’île de Corse constituait dans les faits une région occupée par un «État italien», les insulaires corses se révoltèrent régulièrement, n'hésitant pas à demander contre les Génois de l'aide, tantôt à l'Autriche tantôt à la France. En novembre 1755, le général de la «nation corse» Pasquale Paoli fit de l’île un État doté d’une constitution, d’une administration, d’une justice et d’une armée. Parallèlement à son œuvre politique, Paoli ouvrit de nombreuses écoles et créa à Corti l’université de Corse. Mais, en 1768, déjà affaiblis par les interventions du général Paoli, les Génois de la république de Gênes vendirent à la France leurs droits sur l'île. 3.1 Une île devenue française
C'est alors que Pasquale Paoli prit les armes contre la France, mais fut battu à Ponto Novo (à Castello di Rostino sur le fleuve Golo), le 8 mai 1769. Il émigra aussitôt en Angleterre, mais fut rappelé par l'Assemblée constituante en 1790, puis fut nommé président du Directoire départemental en Corse et général de la Garde nationale au nom de la France révolutionnaire. En 1793, il prit position contre la Convention, rompit ses relations avec la France et fit appel à l’Angleterre qui administra l’île de 1794 à 1796. Paoli parlait le corse, mais écrivait en toscan pour tous les actes officiels, ainsi que dans sa correspondance personnelle. |
Par la suite, Napoléon Bonaparte, originaire de l'île, devint premier consul après le 18 Brumaire et engagea rapidement la réintégration de la Corse à la France. La population corse continua de parler le corse, alors que les documents officiels furent généralement rédigés en italien (toscan) jusqu’en 1830. Sous le Second Empire (1848-1870), l’italien, le corse et le français furent parallèlement utilisés jusqu’à ce que Napoléon III exigea, en 1854, que les actes civils officiels soient tous rédigés exclusivement en français; à Bastia, les opéras chantés en italien furent même interdits. Lors de la Troisième République (1870-1940), le français devint obligatoire partout dans l’île, c'est-à-dire dans les écoles, les tribunaux et l'Administration; l’italien disparut comme langue de culture et le corse ne survécut que comme langue orale dans les communications informelles.
Toutefois, le français ne s'est pas imposé rapidement en Corse. Au contraire, l'influence de la langue française fut très lente durant tout le XIXe siècle. C'est au début du XXe siècle que la francisation s'accentua considérablement avec l'imposition de l'enseignement primaire obligatoire en français. Cette influence se ressentira alors par la modification du vocabulaire, mais aussi de la de la morphologie et de la syntaxe dans la langue corse.3.2 L’autonomie de la collectivité territoriale de Corse
Depuis la fin des guerres napoléoniennes, les soulèvements sporadiques corses ont toujours entraîné des mesures de répression de la part de la Métropole, ce qui a favorisé le développement des tendances autonomistes des insulaires. Dans les années 1970, les revendications des Corses aboutirent à des affrontements violents, parfois sanglants. En 1972, le ministère de l'Éducation nationale s'opposait encore à l'enseignement «facultatif» du corse sous prétexte que «le dialecte corse n'a pas encore trouvé ni son unité ni sa codification». Cela dit, en 1974, le corse fut reconnu comme «langue régionale» par le gouvernement français; il fut admis dans l'enseignement comme «matière facultative». En 1982, la Corse fut dotée d'un statut particulier de collectivité territoriale, ce qui n'a pas empêché les nationalistes de l'île de poursuivre leurs revendications vers une autonomie réelle.
Ce n’est qu’après plusieurs années de négociation que l'Assemblée nationale de Paris adopta, le 4 avril 1991, la Loi portant statut de la collectivité territoriale de Corse. Cette loi consacrait un nouveau statut particulier à la Corse: élection au suffrage universel d'une «Assemblée de Corse» dotée de pouvoirs élargis en matière de développement, d'éducation, de communication, etc. En regard du centralisme dont a toujours fait preuve la France, ces pouvoirs paraissaient assez considérables même s'ils ne comprenaient pas de compétence législative.
La Loi portant statut de la collectivité territoriale de Corse de 1991 fut discrètement négociée en Corse même auprès de représentants officieux autonomistes: le gouvernement français désirait mettre un terme aux querelles interminables avec la Corse. Au plan linguistique, le statut de la Corse n'est pas très nettement défini: on ne traite que de «la langue et de la culture corses» aux articles 44, 52 et 54 de la loi. L'Assemblée corse peut aménager un plan de développement pour la culture, l'enseignement, la radio et la télévision, le tout destiné à la promotion de «la langue et de la culture corses». En somme, il ne s'agit rien de vraiment exceptionnel en ce qui concerne la protection de la langue corse. Voici les articles 44 et 52:
Article 44Le conseil économique, social et culturel de Corse est également consulté, obligatoirement et préalablement, sur tout projet de délibération concernant l'action culturelle et éducative, notamment pour la sauvegarde et la diffusion de la langue et de la culture corses. Il donne avis sur les résultats de leur mise en oeuvre. Il établit, en outre, un rapport annuel sur les activités des sociétés mentionnées à l'article 54. Ce rapport est adressé à l'Assemblée par le président du Conseil exécutif. Article 52 Sur proposition du Conseil exécutif qui recueille l'avis du conseil économique, social et culturel de Corse, l'Assemblée détermine les activités éducatives complémentaires que la collectivité territoriale de Corse organise. L'Assemblée adopte, dans les mêmes conditions, un plan de développement de l'enseignement de la langue et de la culture corses, prévoyant notamment les modalités d'insertion de cet enseignement dans le temps scolaire. Ces modalités font l'objet d'une convention conclue entre la collectivité territoriale de Corse et l'État. |
Malgré tout, quelques jours après l'adoption de la loi, le Conseil constitutionnel (l'équivalent d'une sorte de «Cour suprême» en France) a abrogé l'article 1 de la Loi portant statut de la collectivité territoriale de Corse pour inconstitutionnalité. Cet article avait la teneur suivante:
Article 1 La République française garantit à la communauté historique et culturelle vivante que constitue le peuple corse, composante du peuple français, les droits à la préservation de son identité culturelle et à la défense de ses intérêts économiques et sociaux spécifiques. Ces droits liés à l'insularité s'exercent dans le respect de l'unité nationale, dans le cadre de la Constitution, des lois de la République et du présent statut. |
C'est le terme même de peuple corse qui mit le feu aux poudres. Pour certains, cette notion était contraire au principe d'une «République une et indivisible»; pour d'autres, c'était susciter des revendications de la part des peuples bretons, alsacien, catalan, basque, etc. Le gouvernement français avait espéré donner une satisfaction symbolique au mouvement autonomiste corse en reconnaissant l'existence d'un «peuple corse». La crainte de voir n'importe quel groupe minoritaire réclamer sa reconnaissance comme peuple à la République a suffi pour provoquer une levée de boucliers chez de nombreux Français. De son côté, le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) a fait savoir que, faute de «peuple corse», il reprenait le sentier de la guerre. Tout était donc à recommencer puisque les leaders corses estimaient que, sans le reconnaissance du «peuple corse», leur statut est dénué de toute substance politique et qu'il fallait passer à autre chose.
D'ailleurs, en 1992, l'Assemblée de Corse adopta, le 26 juin, une Motion sur l'officialisation de la langue corse qui, bien que non approuvée par la République, reflétait mieux les revendications des représentants de la Corse. Il n’est pas dû au hasard que, dans les années qui suivirent, on assista à une accélération du terrorisme corse: meurtres de notables locaux, guerres fratricides entre mouvements ennemis, explosions de voiture piégée à Bastia et assassinat du préfet de Corse (1998), le plus haut représentant de l’État français dans l’île. C’était là le signe certain d’un pourrissement complet de la situation.3.3 Un nouvel accord (2000) et la loi de 2002
C’est pourquoi, le 29 juillet 2000, la Corse s’est vu octroyer une nouvelle autonomie avec des compétences plus étendues, la liberté d’«adapter» des lois nationales (sous le contrôle du Parlement français), l’emploi facultatif de la langue corse à l’école, etc. Les «nouvelles compétences» prévues pour l'Assemblée de Corse concernent l'aménagement du territoire, le développement économique, l'éducation, la formation professionnelle, les sports, le tourisme, la protection de l'environnement, la gestion des infrastructures et des services de proximité, et les transports. Ces transferts seraient opérés en favorisant la formation de «blocs de compétence». L'État conserverait la capacité de mettre en oeuvre les politiques nationales et d'exercer un contrôle. L’Assemblée de Corse pourra déroger à certaines dispositions législatives nationales dans des conditions que le Parlement français définirait. Ces expérimentations (un à deux ans) devraient être évaluées avant que le Parlement ne décide de les maintenir, les modifier ou les abandonner (décision du Conseil constitutionnel de juillet 1993). Après une révision constitutionnelle (vers 2004), il serait possible à la collectivité territoriale d'adapter, dans certains domaines, des dispositions législatives qui ne seraient pas soumises à une validation ultérieure du Parlement.
Enfin, le gouvernement français est disposé à se placer dans la perspective d'une suppression des deux départements de la Corse et l'instauration d'une collectivité unique à l'expiration du mandat de l'Assemblée de Corse en 2004, «tout en relevant que cette perspective n'a pas à être concrétisée durant la présente législature et qu'elle impliquerait une révision constitutionnelle». Cependant, ce qu’on a appelé le «compromis corse» est étalé jusqu’en 2004 et reste ouvert à diverses interprétations. Le projet de loi que les députés français étaient appelés à voter vise à doter la Corse d’un troisième statut particulier en vingt ans. Encore une fois, beaucoup de Français redoutent que ce processus ne fasse tache d’huile dans d’autres régions de la France, notamment en Alsace, en Bretagne, au Pays basque, etc.). Les Français comprennent en général qu’on veuille promouvoir l’enseignement du corse, mais en autant que le français demeure la seule langue officielle. Rendre le corse obligatoire à l’école équivaudrait, selon certains, à la «corsification des emplois», ce qui serait inacceptable dans la fonction publique.
Finalement, les députés de l’Assemblée nationale ont adopté, le mardi 22 mai 2001, en première lecture, par un vote solennel, le projet de loi relatif à la Corse: c'est la loi no 2002-92 du 22 janvier 2002 relative à la Corse. Comme d’habitude, les nationalistes corses considèrent que le projet est vraiment un minimum et qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour amener la réforme à son terme, tandis que les opposants croient que «ce projet de loi n'est pas un texte décentralisateur, mais l'enclenchement d'un processus conduisant à l'indépendance de la Corse». On parle même d’une «honte pour la démocratie» et d’une «faillite des chefs».
Quoi qu’il en soit, le Sénat a modifié de fond en comble le projet de loi sur la Corse, notamment sur les transferts législatifs et réglementaires à l'Assemblée de Corse, ainsi que sur l'enseignement de la langue corse. Contre l'avis du gouvernement, les sénateurs ont modifié l'article 7 sur l'enseignement de la langue corse, en insistant sur son caractère facultatif. Selon la formule retenue par les sénateurs, la langue corse est «une matière dont l'enseignement est proposé dans le cadre de l'horaire normal des écoles de Corse». Les députés avaient décidé que «la langue corse est une matière enseignée dans le cadre normal des écoles maternelles et élémentaires de Corse». De plus, le Conseil constitutionnel a maintenu les décisions les positions du Sénat. Dans sa décision du 17 janvier 2002, le Conseil constitutionnel a considéré que le pouvoir d'adopter des lois, qui appartient au Parlement français, ne peut être transféré à l'Assemblée de Corse. En revanche, le soin d'élaborer des règlements, lequel relève du gouvernement, pourra être transféré, selon le Conseil constitutionnel, à cette assemblée sous certaines conditions. De même, le Conseil a donné le feu vert à l'enseignement de la langue corse «dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires» de l'île, en insistant toutefois sur le caractère facultatif de cet enseignement.
Ainsi, la loi sur la Corse (loi no 2002-92 du 22 janvier 2002 relative à la Corse) est entrée en vigueur, même si elle ne va pas aussi loin que l'aurait espéré l'ancien premier ministre français (Lionel Jospin). Pour les nationalistes corses, cette loi constitue encore «un échec». La nouvelle loi sur la Corse donnera à l’Assemblée de Corse le pouvoir d’«adapter des lois de la République» et leurs règlements d’application, mais pour chacune des «adaptations législatives» demandées par l’Assemblée de Corse, une loi votée par le Parlement de Paris devra «fixer la nature et la portée» de «l’expérimentation», qui aura lieu pour un «délai fixé». De même, l’adaptation d’un règlement sera conditionnée à une «habilitation» préalable du Parlement. Bref, il s'agit à peine d'une délégation de pouvoirs, alors que les Corses auraient espéré une «dévolution» un peu à l'exemple de celle des Gallois au Royaume-Uni. Enfin, le 6 juillet 2003, les 191 000 électeurs de Corse ont rejeté par 50,98 % des voix un nouveau statut administratif de l'île, défendu par le gouvernement français et prévoyant le regroupement de leurs deux assemblées territoriales en une seule entité. Le ministre français de l'Intérieur a déclaré que les Corses conserveront leur statut quo. C'était la première fois que les Corses étaient appelés à se prononcer sur l'avenir de leur île en proie depuis des décennies à la violence nationaliste. Les opposants à la réforme proposée croient que le OUI aurait renforcé une certaine autonomie déjà dotée de davantage de compétences qu'aucune autre région métropolitaine. Mais la victoire du NON replace les milieux nationalistes corses dans la tourmente.
Quoi qu'il en soit, les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont changé la donne, en Corse comme au Pays basque ou en Irlande du Nord. Lorsque Al-Qaeda frappe dans un pays, l'organisation terroriste local en prend pour son rhume! Les actions terroristes corses paraîtront maintenant beaucoup plus difficiles à justifier. C'est que le terrorisme islamique a eu pour effet d'éclipser le terrorisme corse, irlandais et basque.
Le corse n’a pas encore à l’heure actuelle de véritable statut juridique, et cela, bien qu’il jouisse d’une certaine reconnaissance officielle sur le plan régional. La plupart des Corses d'origine parlent le corse dans la vie privée, mais dans les situations formelles de communication cette langue reste sous-employée. Par exemple, à l'Assemblée de Corse (il y en a deux), le français demeure généralement la langue d'usage, mais certains grands débats suscitent parfois l'émergence du corse, surtout de la part des conseillers nationalistes et autonomistes. Au plan local, beaucoup de conseillers municipaux délibèrent en corse, mais n'écrivent et ne lisent les actes officiels qu'en français.4.1 Les tribunaux
À part les situations informelles, toutes les communications avec l’administration de l’État ou de l’île ne se déroulent qu’en français. Dans les cours de justice, il n’est pas non plus possible d’obtenir un procès en corse, même si tout le monde parle corse: accusé, témoins, avocats, juge, etc. Il ne s’agit donc pas là d’un droit, car une telle pratique entraînerait la nullité du procès. De toute, façon, il n’existe pas de possibilité de traduction simultanée et les documents qui ne sont pas rédigés en français ne sont pas admis dans les cours de justice. Le français demeure donc la seule langue utilisée dans les tribunaux.4.2 Les services administratifs
En ce qui a trait aux services gouvernementaux, l’emploi du corse est nul. Le gouvernement français n’a jamais entrepris une quelconque politique de promotion à l’égard du corse dans la vie publique et encore moins dans ses relations avec les citoyens. D’ailleurs, les documents administratifs ne sont rédigés qu’en français. Cependant, occasionnellement, certains citoyens s’expriment en corse lorsque les fonctionnaires parlent aussi cette langue, surtout si la communication demeure informelle (la famille, la pluie, le beau temps, etc.). Pour ce qui relève des autorités régionales, elles ne tiennent pas compte de la maîtrise du corse dans le recrutement de leurs employés. La République considérerait l'emploi du corse comme une corsification des fonctions de l'État, ce qui irait à l'encontre de la Constitution française qui garantit à tout citoyen l’égalité sur l’ensemble du territoire national et d’outre-mer.
Il n’est pas surprenant que, sous la pression des citoyens corsophones, l’Assemblée de Corse ait tenté à plusieurs reprises d’officialiser l’usage du corse. Déjà, en 1983, l’Assemblée avait adopté à l’unanimité la motion suivante:
L'Assemblée de Corse se voit investie, aux termes de la loi portant décentralisation de la Corse, de la lourde charge de définir une «politique culturelle» qui s'apparente en fait à un véritable plan de sauvetage culturel. Elle a pris acte du caractère fondamental de la langue comme ciment de la culture, et de l'urgence de mettre en oeuvre une réelle politique de réappropriation culturelle qui traduise la volonté de l'assemblée de rendre sa langue à son peuple. Consciente du caractère historique de ses responsabilités, l'Assemblée de Corse a décidé de s'engager dans une politique de bilinguisme dans le cadre d'un plan triennal qui sera élaboré en concertation avec l'État, ce bilinguisme étant compris de la maternelle à l'université. Le bilinguisme, pratiqué de façon extrêmement satisfaisante dans de très nombreuses régions du monde et, plus près de nous, en Europe, fera l'objet d'une étude sur ses applications contemporaines, son fonctionnement [...] Dès la prochaine rentrée scolaire sera mise en place une formation accélérée des formateurs [...] et l'enseignement de la langue fera l'objet d'une modulation horaire sur la base du principe de l'enseignement obligatoire [...]. Cette définition de la politique culturelle de notre Assemblée concernant la langue appellera des démarches nécessaires auprès de l'État afin de mettre en harmonie éventuellement des dispositions légales et réglementaires qui s'opposeraient à une application cohérente du statut particulier, par l'usage éventuel de l'article 27. D'ores et déjà, parallèlement, l'usage de la langue corse sera généralisé dans le cadre de la toponymie des lieux, des villages, des villes, dans le cadre de l'information et de la formation audio-visuelles, ainsi que pour certains actes de la vie publique. |
La réponse du gouvernement français, datée du 30 septembre 1983 et signée de la main du premier ministre de l’époque (Pierre Mauroy), opposa au président de l’Assemblée de Corse une fin de non-recevoir enrobée dans un raisonnement qu'on pourrait qualifier de quelque peu mielleux et manipulateur:
Vous comprendrez que les actions engagées par l'État dans ce domaine ne peuvent l'être que dans le respect du pluralisme auquel le gouvernement et le peuple français sont profondément attachés, il ne saurait donc être question si l'on considère la demande des Français et les besoins de formation des jeunes dans des domaines de plus en plus diversifiés, d'imposer à ceux qui ne voudraient pas le suivre un tel enseignement, quelle que soit la richesse de son apport culturel. En définitive, ne croyez-vous pas que la richesse et le dynamisme d'une langue et d'une culture ne sauraient être mieux assurés que dans la liberté et la possibilité effective donnée à tous d’y avoir accès? |
Dans ces conditions, les Corses sont peu enclins à utiliser formellement le corse. Même la déclaration d'un prénom corse à un fonctionnaire de l'état civil peut être interprété par ce dernier comme le signe d'un «militantisme politique». L'employé de l'État peut manifester une attitude bienveillante, voire paternaliste, ou au contraire réagir par des tracasseries administratives fort déplaisantes. Théoriquement, l’officier d’état civil peut refuser d'enregistrer un prénom qui pose problème, mais les cas du genre demeurent rarissimes.
En 1985, la circulaire Savary, le texte réglementaire officiel du gouvernement français, précisait que «cet enseignement sera basé sur le volontariat des élèves et des enseignants». L’ordre est formel: «Il n'est pas question d'imposer la langue et la culture régionales comme matière obligatoire, pas plus que d'obliger les enseignants à la dispenser.»
Dans le seul cas où le volontariat d'un maître rencontrera la demande des familles, on fera apprendre des comptines à l'école maternelle, on pourra faire intervenir le corse dans le cadre des «activités d'éveil» de l'école élémentaire, on ménagera dans les collèges une heure hebdomadaire d'enseignement facultatif de «culture et langue régionales» pourvu qu'un minimum de 15 élèves en ait fait la demande. Quelques années plus tard, en juin 1992, l’Assemblée de Corse adopta une motion sur l'officialisation de la langue corse (art. 1). On peut consulter la Motion du 26 juin 1992 sur l'officialisation de la langue corse. À l'article 5, on pouvait lire: «Pour l'année scolaire 1992-93, la langue corse est enseignée à tous les élèves de l'Académie de Corse, à tous les niveaux, à raison de trois heures hebdomadaires au minimum.»
Évidemment, la République n’a pas plus reconnu cette nouvelle motion, cela d’autant plus que les Corses parlent encore du «peuple corse» (art. 2). Cette simili-loi – parce que ce n’est pas une loi – n’a rien changé à la situation juridique du corse dans l’île. Même si l’Assemblée de Corse reconnaît le droit de connaître et d'apprendre la langue corse et de s'exprimer dans cette langue, en parole ou par écrit, dans tous les actes de la vie publique (art. 3), même si elle prétend imposer l’usage du corse dans la toponymie (art. 4), même si elle veut promouvoir l’enseignement du corse dans les écoles (art. 5), la motion reste lettre morte parce qu’elle n’a pas d'assise légale, et ce, d'autant plus que l'Assemblée de Corse n'a pas les moyens d'imposer une telle mesure.
Dans le domaine de l'éducation publique, il n'existe pas d'école officielle en langue corse. Étant donné que, selon la législation française en vigueur, le corse ne peut être obligatoire, la seule langue d'enseignement reste le français. Pourtant, l'article 52 du Statut de Corse de 1991 autorise les autorités locales à réglementer la langue de l'enseignement:
Article 52 L'Assemblée adopte [...] un plan de développement de l'enseignement de la langue et de la culture corses, prévoyant notamment les modalités d'insertion de cet enseignement dans le temps scolaire. Ces modalités font l'objet d'une convention conclue entre la Collectivité territoriale de Corse et l'État. |
Depuis une dizaine d'années, les autorités corses ont fait de réels efforts pour assurer un enseignement de qualité de la langue et la culture corses: création d'un CAPES (certificat), nomination d'inspecteurs pédagogiques, dotation en postes de professeurs, implantation de laboratoires de langue dans les établissements du second degré, développement d'outils pédagogiques modernes, édition de livres pour les différents niveaux, etc. La dernière estimation de 2002 fait état de 21 400 élèves du primaire, 7400 collégiens et 2000 lycéens qui suivaient ces enseignements. Quelque 2000 élèves supplémentaires pratiquaient la langue dans des cursus prévoyant le même nombre d'heures de cours en corse qu'en français. À la rentrée 2003, quatre nouveaux sites d'enseignement bilingue ont ouvert leurs portes.5.1 Les écoles primaires
Selon les estimations officielles, le corse est enseigné dans la plupart des écoles primaires. Cette situation s’explique en grande partie aux campagnes menées pour que la loi Deixonne de 1951 s'applique aussi au corse. De façon plus précise, en 1995, quelque 76 % des élèves des écoles primaires recevaient un enseignement du corse en raison de six heures/semaine dans le cadre d’activités dites d’éveil; on estime à 85 % la proportion des élèves qui, en 1998, apprenaient le corse. Quant à ceux qui n'apprennent pas le corse, ce n'est pas parce que leurs parents refusent cet enseignement, mais parce que celui-ci n'est pas offert: ou bien le professeur ne le parle pas ou bien il refuse de l'enseigner. Autrement dit, lorsque l'enseignement du corse est proposé, la plupart des élèves l'étudient.
Ce constat, bien que très satisfaisant, doit cependant être relativisé, car seulement un cinquième des élèves reçoit un enseignement de trois heures par semaine. Ces statistiques risquent même d’être plus ou moins utopiques puisque, par exemple, un professeur qui fait, de temps à autre, écrire la date en corse au tableau est compté comme «enseignant le corse» et l'ensemble de ses élèves est intégré dans l'effectif «étudiant le corse», comme le sont, par exemple, toutes les classes à qui l'on a fait répéter une chanson en corse au cours de l'année scolaire.5.2 Au secondaire
Il n'existe aucune statistique officielle concernant le temps consacré au corse dans les écoles secondaires. Les élèves semblent assez nombreux dans les deux premières années; dès la troisième année, l’alourdissement des horaires provoque un brusque fléchissement des effectifs scolaires. Devant cet échec, des expériences ont été tentées avec les «classes méditerranéennes» ouvertes dans deux collèges: le collège du Finusellu d’Ajaccio et le collège Clémenceau de Sartène.
Les élèves de ces sections étudient en même temps le corse et une autre langue romane – italien ou espagnol – et reçoivent une initiation au latin tout en tenant compte l'apport des langues romanes étudiées dont le français. L'objectif est de parvenir à un bilinguisme ou un plurilinguisme au terme du premier cycle (au secondaire) en s'appuyant sur la parenté entre les langues romanes. Or, l’île de Corse n’entretient à peu près aucun lien ni avec l’Italie ni avec l’Espagne. C’est pourquoi les projets qualifiés de «méditerranéens» semblent manquer de réalisme.5.3 Le constat d’échec
Au bout du compte, il n'est guère surprenant de constater que cette politique d’enseignement du corse ait conduit à des constats d'échec. Ainsi, pour les 5000 enfants du primaire qui font du corse – sur un effectif total d'environ 20 000 –, ce nombre ne représente par rapport à ce que l'on enseigne en langue française que 1 % du total. Quant au secondaire, une analyse conduite par des enseignants révèle que l’enseignement facultatif du corse se solde par des résultats catastrophiques, coûte très cher et reste donc inutile. En réalité, c'est d'abord parce que l'utilité sociale et scolaire du corse est considérée par tous comme dérisoire et que, face aux matières obligatoires — français, mathématiques, etc., toutes auréolées d'une énorme valeur culturelle —, le corse ne pèse pas lourd dans la balance.
Bref, confronté à la méfiance du pouvoir politique français mais aussi à la force des préjugés et à la dévalorisation sociale, l'enseignement de la lingua corsa ne semble pas, jusqu’ici, être la panacée dont avaient rêvé ses défenseurs. Tel qu'il est, cet enseignement représente certainement un acquis culturel, mais son utilité dans la vie réelle n’étant pas clairement apparue, la tendance actuelle est de le considérer comme un aboutissement institutionnel folklorique, plutôt que comme une étape dans l’apprentissage pédagogique.
Au chapitre de la langue corse, l’accord de juillet 2000, qui est devenu la loi no 2002-92 du 22 janvier 2002 relative à la Corse, prévoit un enseignement de la langue corse «dans l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires», sauf en cas de volonté contraire des parents. Autrement dit, il faudra que le citoyen ait recours à une démarche négative du type: «Je ne veux pas que mon enfant reçoive un enseignement en corse.» Beaucoup dénoncent l’hypocrisie de cette mesure. Voici l’article 7 (L. 312-11-1) de la nouvelle loi sur le statut de la Corse:
Article 7 1) La langue corse est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires de Corse. |
Un second paragraphe (L. 4424-5) se lit comme suit:
2) L'Assemblée adopte, dans les mêmes conditions, un plan de développement de l'enseignement de la langue et de la culture corses, dont les modalités d'application font l'objet d'une convention conclue entre la collectivité territoriale de Corse et l'État. 3) Cette convention prévoit les mesures d'accompagnement nécessaires, et notamment celles relatives à la formation initiale et à la formation continue des enseignants. |
Le recrutement des enseignants devra être effectué «à leur choix par deux concours dont l'un comporterait des épreuves de langue corse». À la différence avec les autres langues régionales (alsacien, breton, basque, etc.) parlées en France, le ministère de l'Éducation nationale a prévu des modalités différentes pour l'enseignement du corse: en Corse, cet enseignement sera généralisé, donc accessible partout. Mais que l’on enseigne «en» corse ou «le» corse, chaque école devra disposer d’au moins un enseignant corsophone. Aujourd’hui, 43 % des professeurs des écoles ne veulent pas l’enseigner. Et la tendance semble augmenter, car le panel représentatif des enfants de la maternelle et du primaire est plus conséquent du fait de l’apport très significatif de l’immigration maghrébine et négro-africaine.
Dans ces conditions, il n’est guère surprenant que la place de la lingua corsa dans la vie sociale soit réduite. Ainsi, dans les médias écrits, de nombreux magazines traitent de la vie corse, mais peu sont rédigés entièrement en corse, puisque beaucoup de gens ont même du mal à lire le corse.
On ne compte qu’un seul quotidien en corse, le Scontru (5000 exemplaires), mais des quotidiens français comme La Corse et Corse-Matin comportent régulièrement des articles en corse. Certains magazines comme A Fiara, U Ribombu et Arritti sont étroitement liés à des organisations politiques, alors que d'autres tels que A Pian d'Avretu et Agora traitent de la vie culturelle corse en général; au total, on compte six périodiques diffusés en corse. En somme, seuls des journaux typiquement nationalistes à petits tirages sont régulièrement édités en langue corse.
Une chaîne de télé, France 3 Corse, diffuse en langue corse, quelque 40 minutes par semaine. Pour la radio, en revanche, l'usage du corse est plus considérable. On dénombre aujourd'hui cinq stations (pour 250 000 habitants), dont Radio Corsica Frequenza Mora et Alta Frequenza, qui diffusent des émissions (30 % à 40 % du temps d’antenne) d'importance variable en corse. Les radios locales telles que Radio Corti Vivu, Voce Nustrale, Corti Calvi, Porto Vecchio, etc., émettent presque entièrement en corse. Radio Nostalgie, une radio nationale qui diffuse ses émissions dans toutes les régions françaises, fait entendre de nombreuses chansons corses sur l’ensemble de la région corse, tout en conservant ses programmes habituels .
L'article 54 de la loi de 1991 accorde des pouvoirs en matière de communication à l'Assemblée de Corse, mais l'absence de décentralisation des services de radio-télévision française réduit de beaucoup la portée de cette disposition.
En somme, quand on compare la situation du corse avec celle de certaines autres langues régionales en France, on ne voit pas en quoi le statut particulier de la Corse est venu changer l'ordre des choses. Les corsophones adoptent dans leur île un comportement diglossique: ils se contentent d'utiliser leur langue maternelle pour l'usage privé, le français pour la vie officielle. Dans les faits, il y a fort à parier que le nouveau statut d'autonomie de 2002 ne permettra pas de réaliser la promotion de la langue corse dans la mesure où il ne lui procure qu'une reconnaissance juridique bien mince.
D'ailleurs, la plupart des nationalistes corses n'accordent que peu de crédibilité aux institutions mises en place par Paris. Ils considèrent que le statut particulier de la Corse est «vide de substance politique réellement alternative». Les dispositions prévues et destinées à élargir les compétences de la collectivité territoriale et à favoriser le développement économique par diverses mesures fiscales semblent déjà poser d’autres problèmes. De plus, le texte prête déjà à des interprétations contradictoires, tandis que son succès dépend du rétablissement de la paix civile. Pourtant, la France a déjà démontré, notamment lors de l’accord de Nouméa pour la Nouvelle-Calédonie (1998), qu’elle pouvait faire preuve d’une audace certaine. Le statut proposé en 2003 a été refusé par une très faible majorité (50,98 %) lors du référendum tenu le 6 juillet 2003.
Enfin, intervenir sur le statut du corse suppose aussi des améliorations sur le code linguistique lui-même, ce qui semble avoir été oublié. Les linguistes corses ont encore du boulot! Est-ce qu'on veut remplacer le français par le corse? Ou préfère-t-on un simple cataplasme dont le but serait de calmer les revendications nationalistes? C'est là l'un des problèmes soulevés par ce qu'on appelle l'«ambiguïté corse». On souligne souvent que toutes les grandes îles de la Méditerranée, à l'exception de la Crète, ont un statut d'autonomie qui leur reconnaît des compétences très étendues: c'est le cas des Baléares, de la Sicile et de la Sardaigne. Il n'est pas certain que les Corses doivent lorgner du côté des îles italiennes (Sicile et Sardaigne) dont l'expérience a démontré que cette autonomie ne concernent jamais le domaine de la langue. Toutefois, le cas des Baléares mériterait que les nationaliste corses s'y penchent de plus près. Il s'agit d'une autonomie réelle qui tient compte de la langue locale, le catalan, dont le statut est à parité avec la langue nationale, le castillan. En attendant, les nationalistes corses peuvent bien rêver, car non seulement la France ne semble pas prête à aller dans le sens d'une plus grande autonomie, mais, si la tendance démographique se maintient au cours des prochaines décennies, les Corses seront grandement minorisés dans leur l'île. Si le diagnostic de l'Unesco est juste, l'existence du corse comme langue vivante est hautement menacée et, faute de locuteurs, les revendications autonomistes risquent alors de perdre leur légitimité.
Commentaires
en vrai je suis corse et pour dire il y a des petite erreur dans ton truc mais c pa grave!^^ vien voir mon blog!